Le jeu du Je

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Je l’ai enfin revu, pour seulement la 2ème fois, une vie après le moment de sa sortie sur petit écran, après que celui qu’il raconte ne parte, après 1996 et que les traitements enfin efficaces n’arrivent, après que mon corps ne se transforme, que je troc ma jeunesse contre les stigmates des survivants.

Je l’ai enfin revu ce film, à l’instant, seul dans l’intimité de mon salon.

 

J’ai revu « Les nuits fauves », j’ai revu un peu de mon passé, j’ai revu un peu de ce que je fus, j’ai pu mesurer le travail de la mort intime.

 

Peut-être aurait-il pu connaître le bonheur n’eut-il pas été emporté 3 ans trop tôt.

 

Il fit tôt des rencontres lui donnant des raisons de croire que l’amour demeurait possible malgré tout, je connu d’emblée le traumatisme d’un abandon douloureux qui me fit perdre tout espoir en mes chances de pouvoir de nouveau voir battre un jour mon cœur à l’unisson d’un autre.

 

Douce m’a envoyé récemment un texte sur les stratégies de survie, j’ignore si elle pensait à cela, j’ignore même si je lui en avais parlé, le fait est que ma première stratégie de survie aura été de faire naître en moi une misogynie qui me ressemblait peu. Pour accepter l’idée qu’aucune femme ne m’aimerait plus j’ai essayé de me convaincre que les femmes ne méritaient pas d’être aimées. C’était artificiel, j’en avais conscience, mais je ne voyais que ce moyen pour rendre ma vie supportable alors que j’étouffais d’un besoin d’aimer.

 

 

Et Cyril Collard dans tout ceci ?

 

Je ne crois pas qu’il ait eu le besoin de construire ce type de stratégie, de ce côté-là nos vécus différaient de beaucoup, quoique...  croyait-il encore vraiment en la possibilité de pouvoir construire une relation amoureuse ?

 

En redécouvrant « Les Nuits Fauves » j’ai revécu tant d’émotions enfouies, je me suis demandé si une personne n’ayant pas vécue ces choses pouvait vraiment comprendre ces choses, ce film.

 

 

Les difficultés à le dire, les rapports évités, les prises de sang sources de chaleur humaine, l’AZT, la perpétuelle tension entre les apparences que nous livrons aux autres et ce truc intérieur sans nom (non là je n’en trouve pas de nom), cette impression d’être éclaté,…

 

 

A l’époque je souffrais beaucoup mais je me sentais encore vivre, maintenant j’ai souvent l’impression d’être déjà mort, les émotions étant si rares.

 

J’aurais voulu mettre en fond musical la chanson de Cyril Collard « Someone » mais j’ai du mal à la trouver sur le net.

Sam 14 nov 2009 Aucun commentaire