Le jeu du Je
« Nous découvrons tous tôt ou tard dans la vie que le bonheur parfait n’existe pas, mais bien
peu sont ceux qui s’arrêtent à cette considération inverse qu’il n’y a pas non plus de malheur absolu. Les raisons qui empêchent la réalisation de ces deux états limites sont du même ordre :
elles tiennent à la nature même de l’homme, qui répugne à tout infini. Ce qui s’y oppose, c’est d’abord notre connaissance toujours imparfaite de l’avenir ; et cela s’appelle, selon le cas,
espoir ou incertitude du lendemain. C’est aussi l’assurance de la mort, qui fixe un terme à la joie comme à la souffrance. »
(« Si c’est un homme », édition «Pocket » p.18)
Dans « Si c’est un homme », témoignage important sur les camps de concentration nazis, l’ancien déporté Primo Levi explique que l’enfer absolu n’existe pas en partie du fait de la finitude de la vie.
Les « progrès » de la médecine ne reculent-ils pas souvent les limites de l’enfer ?
Ce jeudi 19 novembre 2009 un incident parlementaire a eu lieu au sujet de l’euthanasie, euthanasie qui rencontre toujours une forte hostilité dans certains milieux catholiques.
Mais punaise si il y a des extrémistes religieux qui évoquent un dieu qui aurait le monopole de prendre la vie pour justifier leur hostilité à l’euthanasie pourquoi la société devrait-elle interdire cette pratique à l’ensemble de ses membres ?
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/le-debat-sur-l-euthanasie-secoue-la-blogosphere_829708.html
Parmi les opposants à l’euthanasie se retrouvent des personnes qui se sont battues pour rendre l’accès au suicide en général le plus difficile possible et c’est ainsi qu’il est interdit en France de commercialiser le livre « Suicide mode d’emploi ».
http://fr.wikipedia.org/wiki/Suicide,_mode_d%27emploi
J’ai connu la grande souffrance, physique et morale, et savoir qu’une aide au départ pourrait m’être refusée si jamais un jour je la demandais m’est insupportable surtout au nom d’un dieu auquel je ne crois pas.
Si il existe un droit fondamental c’est bien celui de pouvoir disposer de sa propre vie, si j’ai foi en quelque chose c’est bien en ça et tout mouvement cherchant à contrer ce droit fondamental me semble intrinsèquement mauvais.
Plus j’avance en âge et plus je doute de la pertinence de prôner la tolérance envers des religions aussi enclines à vouloir nous imposer leurs règles diaboliques.
Je ne suis pas « parti » il y a 20 ans quand me sachant séropositif celle que j’aimais m’a laissé en gravant dans mon esprit que plus jamais je ne pourrai vivre l’amour et en me retirant tout espoir de bonheur. Je n’ai pas su partir, j’avais, je crois me souvenir, trop peur de me rater, j’ai aussi espéré pouvoir me construire un ersatz de bonheur en apprenant à me dispenser des autres. Ce ne sont pas les toutes petites parenthèses heureuses que j’ai depuis connu qui me permettraient d’affirmer que cela en valait la peine.
On n’a pas le droit d’essayer de retenir quelqu’un contre son gré et tout mouvement, surtout religieux, qui irait dans ce sens doit être combattu.