Le jeu du Je

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Elle marchait avec difficultés, souriante elle était dotée de qualités qui me la rendaient attrayante.

 

Nous nous étions rencontrés dans ce lieu jadis magique où des personnes touchées par le VIH pouvaient retrouver goût à la vie. Nous nous y retrouvions fréquemment et puis en étions venu à nous voir aussi en dehors, de plus en plus souvent.

 

Petite amie ?

 

Nous nous fréquentions comme deux fiancés d’un autre temps sous l’œil bienveillant de l’entourage.

 

Bernard_Charoy_15.jpgAthéna m’avait envoyé des signes non équivoques, je ne l’ai pas découragée et pourtant, pourtant jamais nous ne nous donnâmes l’un à l’autre.

 

Une fois un mot, un simple mot d’elle présentant le mensonge comme une chose peu grave suffit à me rendre méfiant, me mettre sur la défensive.

Aversion du mensonge, culte pour la vérité,… je n’arrivais plus à me projeter avec cette femme qui avait si légèrement parlé de ce je voulais fuir.

 


 

Pourtant en y réfléchissant ne suis-je pas moi aussi capable de mensonges ?

 

Je suis déjà capable de mensonges par omission, ce n’est pas rien.

 

Je suis aussi capable de mensonges par jeu, même si dans ce cas je m’empresse de sortir du mensonge, de ne pas le faire durer.

 

Mon inconscient peut-il me faire produire des mensonges dont je n’aurais pas conscience, que j’oublierais aussitôt émis presque malgré moi ? Je n’en sais rien.

 

Suis-je capable de forger un pur mensonge, conscient cette fois ? Sans doute si je m’estime en danger.

 

Peut-être ai-je été excessif dans mon interprétation de ses mots et peut-être n’était-elle pas fondamentalement différente de moi sur ce chapitre, peut-être son approche du mensonge n’était-elle pas de l’ordre du rédhibitoire pour moi, pourtant c’est ainsi que je l’ai vécu.

 

 

Un mot et mon enthousiasme s’en est retrouvé refroidi.

 

Je ne crois pas avoir cessé de la voir, peut-être n’a-t-elle pas même remarqué de franc changement dans mon attitude mais mon enthousiasme avait vécu, je n’allais plus de l’avant mais étais je pense dans l’attente d’une preuve que je m’étais trompé ou d’autres signes qui m’auraient au contraire fait m’éloigner d’elle.

 

Ni preuves ni signes, comme tant d’autres elle partit rapidement emportée par je ne sais plus quelle maladie opportuniste, voir effet secondaire d’un de ces traitements désormais efficaces mais toujours dangereux.




Quelques instants d’intimité, de chaleur partagé, n’auraient-ils pas mérité de passer outre quelques défauts qui n’étaient peut-être que fantasmés ?

 

Nous n’avons pas partagé cette chaleur, le froid l’a emporté.

 

Mer 31 mar 2010 Aucun commentaire