Petite sortie hospitalière pour débuter la journée : juste la visite que l’on espère de routine, celle que le séropositif de base effectue avec une plus ou moins grande fréquence auprès de son virologue adoré.
En attendant cette consultation de routine dans la salle ad hoc j’ai, comme souvent, vu débouler, sentant la compassion à plein nez, une « volontaire » d’une de ces associations qui d’aider les séropositifs en sont progressivement venu à essentiellement en exploiter l’existence pour se mettre en avant.
Je ne connaissais pas cette dame, j’ignore son vécu, par contre je ne peux que très fortement soupçonner en elle un besoin de reconnaissance pathologique qui l’a amené à endosser un rôle qu’elle suppose lui conférer une belle image de marque.
La dame était accompagnée d’un chariot sur lequel se trouvaient toutes sortes de choses supposées apporter du réconfort aux personnes attendant leur sort. Une mauvaise langue dirait que ces choses étaient surtout destinées à donner le beau rôle à cette dame et à l’association qu’elle représentait.
Je ne suis pas assez mauvaise langue pour cela (je ne fais pas du développement de ma misanthropie un objectif) et je pense qu’il y avait probablement un peu des deux : un désir de se mettre positivement en avant et un souci de « faire le bien ».
La gentille dame fait donc le tour des personnes attendant qu’une porte s’ouvre pour elle et dans sa tournée tombe sur une jeune fille accompagnée de sa mère à qui elle propose, après un café refusé, des préservatifs avec comme argument de choc que « le danger est toujours là »…
La jeune fille qui en déclinant poliment l’offre de kawa avait déjà montré un visage soucieux lui répondit avec ce que je devinais une colère contenue par un « c’est ce qu’on dit en effet».
La gentille dame aurait du savoir que l’immense majorité des personnes poireautant dans cette salle d’attente étaient soit séropositives au VIH, soit inquiètes d’avoir pu être contaminées.
Pour cette brave dame l’important semblait surtout de débiner un nième fois le beau discours politiquement correct qui a fait la prospérité des associations auto-proclamées anti-VIH, avait-elle la moindre idée de ce que ça fait pour une personne touchée par le VIH de s’entendre toujours présenter son virus comme le monstre suprême qu’il convient de combattre à tous prix ?
J’ai un moment hésité à aller la voir pour lui faire la leçon, mais d’une part c’est très impolitiquement correct de faire la leçon à de charitables bénévoles, d’autre part elle n’aurait peut-être rien compris malgré ma démarche pédagogique, enfin j’aurais sans doute eu beaucoup de mal à rester calme car cette histoire révèle aussi quelque chose d’autre : le danger est toujours là, le danger de voir des associations de « lutte contre le VIH » continuer à se mettre en avant en diabolisant ce virus et ce au détriment des personnes touchées par celui-ci, et ce en entretenant l’ostracisme dont sont victimes certaines d’entre elles.
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