VIH : une vie à positiver

Mercredi 31 mars 3 31 /03 /Mars 01:40

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Elle marchait avec difficultés, souriante elle était dotée de qualités qui me la rendaient attrayante.

 

Nous nous étions rencontrés dans ce lieu jadis magique où des personnes touchées par le VIH pouvaient retrouver goût à la vie. Nous nous y retrouvions fréquemment et puis en étions venu à nous voir aussi en dehors, de plus en plus souvent.

 

Petite amie ?

 

Nous nous fréquentions comme deux fiancés d’un autre temps sous l’œil bienveillant de l’entourage.

 

Bernard_Charoy_15.jpgAthéna m’avait envoyé des signes non équivoques, je ne l’ai pas découragée et pourtant, pourtant jamais nous ne nous donnâmes l’un à l’autre.

 

Une fois un mot, un simple mot d’elle présentant le mensonge comme une chose peu grave suffit à me rendre méfiant, me mettre sur la défensive.

Aversion du mensonge, culte pour la vérité,… je n’arrivais plus à me projeter avec cette femme qui avait si légèrement parlé de ce je voulais fuir.

 


 

Pourtant en y réfléchissant ne suis-je pas moi aussi capable de mensonges ?

 

Je suis déjà capable de mensonges par omission, ce n’est pas rien.

 

Je suis aussi capable de mensonges par jeu, même si dans ce cas je m’empresse de sortir du mensonge, de ne pas le faire durer.

 

Mon inconscient peut-il me faire produire des mensonges dont je n’aurais pas conscience, que j’oublierais aussitôt émis presque malgré moi ? Je n’en sais rien.

 

Suis-je capable de forger un pur mensonge, conscient cette fois ? Sans doute si je m’estime en danger.

 

Peut-être ai-je été excessif dans mon interprétation de ses mots et peut-être n’était-elle pas fondamentalement différente de moi sur ce chapitre, peut-être son approche du mensonge n’était-elle pas de l’ordre du rédhibitoire pour moi, pourtant c’est ainsi que je l’ai vécu.

 

 

Un mot et mon enthousiasme s’en est retrouvé refroidi.

 

Je ne crois pas avoir cessé de la voir, peut-être n’a-t-elle pas même remarqué de franc changement dans mon attitude mais mon enthousiasme avait vécu, je n’allais plus de l’avant mais étais je pense dans l’attente d’une preuve que je m’étais trompé ou d’autres signes qui m’auraient au contraire fait m’éloigner d’elle.

 

Ni preuves ni signes, comme tant d’autres elle partit rapidement emportée par je ne sais plus quelle maladie opportuniste, voir effet secondaire d’un de ces traitements désormais efficaces mais toujours dangereux.




Quelques instants d’intimité, de chaleur partagé, n’auraient-ils pas mérité de passer outre quelques défauts qui n’étaient peut-être que fantasmés ?

 

Nous n’avons pas partagé cette chaleur, le froid l’a emporté.

 

Par Acetos - Publié dans : VIH : une vie à positiver - Communauté : Réalités
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Vendredi 19 mars 5 19 /03 /Mars 20:28
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Elle avait perdu l’usage de la parole suite à je ne sais plus quelle maladie.

Peu importe le nom de cette maladie, à l’époque toutefois celui-ci avait son importance car j’en avais entendu parlé comme d’une saleté contagieuse.

 

Je connaissais la cause de sa perte de parole mais ne savais pas si cette cause était ou pas toujours là.

 

Bernard_Charoy_4.jpgElle me plaisait, je lui plaisais manifestement, mais j’ai eu peur : ayant très probablement été contaminé par ce virus qui me rongeait via un type qui avait retiré la capote en catimini j’étais devenu méfiant et hésitais à faire confiance à ce sourire qui me charmait.

 

Elle m’aurait dit s’être débarrassée de cette maladie dont elle conservait des séquelles je me serais sûrement contenté de sa parole, mais elle ne me l’a pas dit et je ne lui ai jamais demandé.

 

Trop timide pour lui poser frontalement la question j’ai lâchement interrogé sur le sujet un de ses amis qui m’a comme il se doit rabroué.

 

Je maudis cette forme de timidité que je peux avoir et cette éducation qui m’interdit de poser des questionner quand ça peut déranger.

 

J’ai tout fait comme mon éducation m’a appris à le faire : je n’ai pas abordé le sujet avec elle.

A vrai dire je ne sais pas si mon éducation avait tout à fait ce sens là mais elle eu en tous cas pour résultat que je n’ai pas osé sortir du cadre des propos cosmétiques pour aborder un point essentiel.

 

Ah oui je l’ai ménagée, je l’ai même tellement bien ménagée cette fleur que je voyais régulièrement et toujours avec grand plaisir (aux réunions conviviales organisées par une célèbre association) que j’ai un jour appris qu’elle avait décidé de quitter cette vie en laquelle elle ne devait plus trop espérer.

 

Je me suis tu aussi devant sa mort bien que tourmenté par l’image triste d’une jeune fille seule ayant perdu tout espoir.

 

Aurais-je du passer outre ma peur liée à la façon dont j’avais été contaminé ou bien faire violence à ma timidité et m’enhardir pour l’occasion ?

 

Je crois que je l’aurais aimée.

Par Acetos - Publié dans : VIH : une vie à positiver - Communauté : Réalités
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Jeudi 4 février 4 04 /02 /Fév 23:01
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Etait-ce au téléphone ou l’avais-je en face de moi quand j’ai éclaté en sanglots pour dire à ma grand-mère que mon cousin ne m’avait pas proposé d’être parrain de son futur fils ?

 

 

Portes 7356(2)Ayant connu l’isolement sentimental longtemps je n’ai jamais eu l’occasion de devenir moi-même père.

 

Je ne sais pas si en couple j’aurais insisté pour devenir père mais j’ai le sentiment que j’aurais quand même aimé m’occuper d’enfants, ne serait-ce qu’avoir des contacts privilégiés avec eux, enfants que j’aurais vu grandir avec bienveillance, m’en occupant au mieux de mon statut, enfants à qui j’aurais certainement aimé donner ce qui m’a manqué lors de mes jeunes années.

 

Je n’étais pas père et enfant unique je ne pouvais pas compter sur un statut d’oncle.

 

Je suis athée mais je conçois le parrainage comme pouvant être laïque aussi j’espérais en cette période que l’on me reconnaisse suffisamment de qualités, que l’on croit aussi suffisamment en mes chances de survie, pour me proposer de devenir le père en second d’un être en devenir.

 

Punaise que j’avais envie, besoin que l’on m’accorde cette confiance, que j’aurais aimé avoir un petit d’homme à qui penser, même de loin.

 

Cette année là mes amis étaient déjà perdus de vue depuis longtemps, je n’en avais plus, j’étais seul et j’avais annoncé à ma famille ma séropositivité.

 

J’étais son seul cousin germain et dans mon esprit j’apparaissais comme le candidat idéal, aussi quand j’appris qu’il avait choisi quelqu’un de plus éloigné que moi je me suis écroulé.

 

Pourquoi ??

Certes je suis athée mais je n’ai pas vu ici la raison de ce choix, je n’ai vu que ma séropositivité, que l’épouvantail de la maladie et de la mort pour justifier cette décision.

 

Je me suis vu enterré vivant.

 

 

Ma dernière grand-mère est morte depuis longtemps, je ne suis toujours ni père ni parrain et ne suis plus certain d’avoir encore le goût pour de tels rôles trouvant déjà miraculeux qu’il puisse exister des personnes parvenant à me donner envie de me laisser apprivoiser.

 

Par Acetos - Publié dans : VIH : une vie à positiver - Communauté : Réalités
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Lundi 1 février 1 01 /02 /Fév 23:30
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Petite sortie hospitalière pour débuter la journée : juste la visite que l’on espère de routine, celle que le séropositif de base effectue avec une plus ou moins grande fréquence auprès de son virologue adoré.

 

En attendant cette consultation de routine dans la salle ad hoc j’ai, comme souvent, vu débouler, sentant la compassion à plein nez, une « volontaire » d’une de ces associations qui d’aider les séropositifs en sont progressivement venu à essentiellement en exploiter l’existence pour se mettre en avant.

 

Je ne connaissais pas cette dame, j’ignore son vécu, par contre je ne peux que très fortement soupçonner en elle un besoin de reconnaissance pathologique qui l’a amené à endosser un rôle qu’elle suppose lui conférer une belle image de marque.

 

La dame était accompagnée d’un chariot sur lequel se trouvaient toutes sortes de choses supposées apporter du réconfort aux personnes attendant leur sort. Une mauvaise langue dirait que ces choses étaient surtout destinées à donner le beau rôle à cette dame et à l’association qu’elle représentait.

Je ne suis pas assez mauvaise langue pour cela (je ne fais pas du développement de ma misanthropie un objectif) et je pense qu’il y avait probablement un peu des deux : un désir de se mettre positivement en avant et un souci de « faire le bien ».

 

La gentille dame fait donc le tour des personnes attendant qu’une porte s’ouvre pour elle et dans sa tournée tombe sur une jeune fille accompagnée de sa mère à qui elle propose, après un café refusé, des préservatifs avec comme argument de choc que « le danger est toujours là »…

 

La jeune fille qui en déclinant poliment l’offre de kawa avait déjà montré un visage soucieux lui répondit avec ce que je devinais une colère contenue par un « c’est ce qu’on dit en effet».

 

La gentille dame aurait du savoir que l’immense majorité des personnes poireautant dans cette salle d’attente étaient soit séropositives au VIH, soit inquiètes d’avoir pu être contaminées.

Pour cette brave dame l’important semblait surtout de débiner un nième fois le beau discours politiquement correct qui a fait la prospérité des associations auto-proclamées anti-VIH, avait-elle la moindre idée de ce que ça fait pour une personne touchée par le VIH de s’entendre toujours présenter son virus comme le monstre suprême qu’il convient de combattre à tous prix ?

 

J’ai un moment hésité à aller la voir pour lui faire la leçon, mais d’une part c’est très impolitiquement correct de faire la leçon à de charitables bénévoles, d’autre part elle n’aurait peut-être rien compris malgré ma démarche pédagogique, enfin j’aurais sans doute eu beaucoup de mal à rester calme car cette histoire révèle aussi quelque chose d’autre : le danger est toujours là, le danger de voir des associations de « lutte contre le VIH » continuer à se mettre en avant en diabolisant ce virus et ce au détriment des personnes touchées par celui-ci, et ce en entretenant l’ostracisme dont sont victimes certaines d’entre elles.

 

 

Par Acetos - Publié dans : VIH : une vie à positiver - Communauté : Réalités
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Vendredi 1 janvier 5 01 /01 /Jan 17:16

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Auto-censure pour se protéger du sentiment  amoureux ?

 

 

 

Il y a environ 20 ans le VIH était mal connu et faisait affreusement peur, même de loin.

 

Il y a environ 20 ans je ne pensais pas qu’une personne séropositive puisse être aimée car rejetée d’emblée avant même que des sentiments amoureux n’aient eu le temps de s’installer.

 

Il y a environ 20 ans si il y avait bien une personne avec qui je croyais pouvoir connaître l’amour malgré ce virus c’était bien celle avec laquelle je vivais alors un amour fou que je sentais partagé.

 

Il y a environ 20 ans je n’ai pas compris pourquoi elle m’a quitté car je sentais notre amour si fort que je le croyais pouvant faire fi de ce virus.

 

Il y a environ 20 ans j’ai cessé de croire à la possibilité de connaître l’amour de nouveau dans ma vie.

 

Il y a environ 20 ans j’ai essayé de trouver le moyen de survivre avec ce qui m’effrayait bien plus que la mort : errer dans la vie sans espoir d’amour.

 

Il y a environ 20 ans j’ai tenté toutes sortes de stratégies de survie.

 

 

Je ne me souviens pas de tous les détails de cette guerre que je me suis livrée à moi-même, guerre civile pour mater mon cerveau, pour qu’il cesse de me faire désirer l’amour, ce fruit qui m’était alors devenu à jamais inatteignable.

 

Je ne me souviens de tous les conditionnements que j’ai effectués mais récemment je viens de songer à un mécanisme qui pourrait bien être la conséquence de certains d’entre eux.

 

J’ai cru réaliser récemment que ma mémoire faisait fréquemment des blocages, qu’en particulier ma mémoire retenait désormais difficilement le visage d’un être pouvant m’attirer sentimentalement et/ou sexuellement.

 

J’ai réalisé ceci par rapport à Douce Amie. Elle continue de représenter beaucoup pour moi mais si je l’ai déjà vue et entendue plusieurs fois (à distance il est vrai, pas « IRL ») je réalise que je ne parviens qu’à grand peine à imaginer son visage ou sa voix, comme si mon cerveau avait des réticences à stocker des informations pouvant favoriser le désir et par là même me nuire selon l’esprit du conditionnement opéré il y a… environ 20 ans.

 

Ce phénomène pourrait alors en partie expliquer la difficulté que j’ai désormais à m’attacher à autrui, ma difficulté à songer à l’être qui me donne une chance d’amour quand dans ma vie je croise ces chances de bonheur.

 

 

Je crois de plus en plus que le BDSM pourrait m’aider à casser ce conditionnement désormais néfaste.

Par Acetos - Publié dans : VIH : une vie à positiver - Communauté : Se dévoiler, se sentir vivre
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