Fait divers d’outre-Atlantique : Romell Broom, noir américain vient de subir le supplice de… la mise à mort par injection létale foirée.
Il aura souffert 2 heures.
La douleur ne se mesure pas.
J’ai connu nombre de prises de sang, poses de cathéters et autres actes invasifs et à deux actes supposément identiques pouvaient correspondre des écarts abyssaux au niveau de la douleur ressentie.
J’ai connu des poses de cathéter quasiment indolores or lors d’une d’elle j’ai aussi connu une douleur si vive, si extrême, que j’ai eu la certitude de devoir en mourir si jamais elle avait du durer une fraction de seconde de plus. Plus tard on m’affirma qu’on ne meurt pas de douleur, que dans les cas extrêmes le corps se protège en tombant dans les pommes.
Impossible d’évaluer la douleur que subit Romell Broom autrement que par ses dires mais il n’est pas impossible qu’il ait souffert bien au-delà de ce que peuvent imaginer la plupart de ceux qui refusent de tenir compte des souffrances infligées aux assassins ou supposés tels.
Cette affaire aura été l’occasion de montrer à tous que les mises à mort, même par injections létales, même dans ce pays qui de part sa puissance militaire, économique et cinématographique, sert souvent de modèle, ne sont pas des actes aseptisés sans douleur.
Cette affaire aura aussi été l’occasion de constater l’importance de la haine dans nos sociétés, sociétés qui parfois ne savent pas répondre autrement aux manifestations de haines qu’en tentant de les satisfaire.
Si je puis comprendre des manifestations de colère la haine, elle, me met toujours mal à l’aise.
Voilà 25 ans qu’il attendait dans un couloir de la mort tout en clamant son innocence pour l’unique crime dont il est accusé : le viol et le meurtre d’une adolescente.
Pourquoi insister sur le fait qu’il n’est accusé « que » d’un seul crime ?
Cette précision fait suite à des réactions lues ici et là sur des forums où des personnes censées discuter de l’affaire Romell Broom évoquaient les violeurs tueurs récidivistes. J’ai eu l’impression que ces personnes étaient mues par un tel besoin de déverser leur agressivité qu’elles étaient prêtes à tous les amalgames, toutes les approximations et distorsion d’information.
Faire souffrir une personne jugée comme criminelle permet-elle d’alléger la souffrance des victimes, permet-elle à celles-ci de se reconstruire ?
Je n’en suis pas certain, j’aurais plutôt tendance à croire qu’il est plus facile de se reconstruire dans la compréhension que dans la haine, mais peut-être suis-je ici victime d’un certain idéalisme ?
Je vois dans la haine une manifestation de l’incompréhension, d’une négation de l’autre, de son humanité, de ses souffrances.
http://www.deathpenaltyinfo.org/
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Tous les meurtres sont horribles, je pense surtout à Polanski indirectement (je sais on parle de Polanski en ce moment), mais ce n'est pas sa demande d'extradition qui me fait penser à lui en ce moment précis, mais bien le meurtre de sa femme Sharon Tate qui a marqué en 69 bien des esprits son meurtrier est emprisonné dans un état où la peine capitale a été supprimée, vue l'horreur du massacre perpétré et exécuté ce jour là par Manson, je trouve que là cette sentence est appropriée, quand on pense qu'il a déja demandé 10 fois sa remise en liberté ! heureusement elle lui a toujours été refusée !
Je ne sais comment je réagirais personnellement si on tuait sciemment (pas par accident)un de mes proches , la plus douce des personnes peut devenir folle de douleur et vouloir rendre la pareille à celui ou celle qui a commis un meurtre quitte à passer à l'action elle-même...
Vaste sujet et débat jamais clos
Merci pour ce premier commentaire Ludivine !
Oui j'ignore moi-même quelles pourraient être mes réactions dans des situations extrêmes, par contre je me méfie terriblement du traitement trop émotif d'un crime.
Pour moi une sanction pénale doit tenir compte il est vrai de la douleur des victimes, de leur besoin de réparation (mais faire souffrir le criminel, se mettre à son niveau est-il toujours réparateur?), mais pas seulement.
Une sanction pénale devrait aussi essayer de protéger la société contre de possibles récidives (cette partie là est suffisamment évoquée dans nos médias pour qu’il soit nécessaire ici d’insister) mais aussi, selon moi, de viser si possible à la "guérison" du criminel (je vois dans les crimes l'expression fréquente de maladies sociales) tout en tenant compte du message adressé à la société par la sanction.
Il y a 3 parties impliquées dans un jugement :
_ les victimes (directes et indirectes, les « proches » faisant partie des indirectes)
_ le criminel
_ la Société
Au pénal obtenir une réparation convenable pour les victimes est souvent illusoire et ce n’est pas forcément en appliquant les plus lourdes peines qu’on parvient toujours à permettre à celles-ci de se réparer.
La prison est un moyen bien connu de protéger un temps la Société des agissements d’un individu et d’autres formes s’appuyant sur des technologies récentes peuvent être une réponse à ce souci. Maintenant le criminel, même le pire d’entre eux (qui peut dire qui est le pire d’entre eux ?) demeure un être humain et il serait sain de ne pas l’oublier.
J’ai le fort sentiment que tant que les criminels verront leur humanité niée durant leur privation totale ou partielle de liberté ceux-ci auront du mal à faire la paix avec la Société et que les récidives demeureront fréquentes.
Enfin je crois que le laxisme pour certains types de crimes rend ceux qui sont sanctionnés plus difficiles à accepter de la part des criminels.
Mon intuition est que tout le monde y gagnerait, victimes et délinquants, si les « petits » délits étaient aussi souvent sanctionnés que les « gros ». D’une part cela empêcherait certains d’escalader l’échelle du crime, d’autre part l’acceptation des peines lourdes serait meilleure car il n’y aurait plus d’impression de « tout ou rien » (peine importante ou rien du tout).
La Société a d’abord besoin d’être rassurée que les criminels ne pourront pas sévir tant qu’ils seront jugés dangereux, il est facile de répondre à ce besoin par la privation de liberté mais une fois la période d’incarcération terminée ne risque-t-elle pas de recevoir dans la tronche tel un boomerang toute la souffrance non comprise qu’elle aura elle-même infligée au criminel ? D’autre part en tant que membre de cette société on peut aussi se projeter dans la personne jugée et l’exemple pourrait dans certains cas prévenir certains crimes, mais la chose ne semble pas acquise.
P.S. : Il va falloir que j'apprenne à faire court...